RP - Freezing moon
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Ville désertée en ce premier août, l'occasion de sortir dans un environnement calme. Romeo a réservé une table pour deux dans le meilleur restaurant de la ville ce soir. Probablement vide ou presque lui aussi, les badauds s'étant tous précipités à la fête foraine. Festivité qui ne l'intéresse pas le moins du monde, Romeo partageant cet avis à priori. Il est bien rare qu'ils n'aient pas le même avis tous les deux. Baba yaga est donc quasiment certaine que son amant ne regrette pas de ne pas se joindre aux activités. Qu'il est surement bien plus heureux de profiter d'un cadre calme, dépourvu d'âmes qui vivent. Tenue de circonstance étant donné le standing du restaurant, elle s'est parée d'une robe -évidemment noire- aux quelques détails en dentelle. Du parfum pour masquer cette odeur qui lui colle à la peau, senteur de rose car elle sait que c'est ce qu'il préfère. Elle fait des efforts pour un homme, une chose qui lui semblait inenvisageable quelques années en arrière, persuadée qu'elle n'en apprécierait jamais aucun.
Petit spectre dans son cottage ordonné attend la venue de son amant qui doit venir la chercher. Elle le sait ponctuel, son Romeo. Preux chevalier qui souvent se laisse emporter dans ses déclarations d'amour en vers elle. Maisonnette de la sorcière relativement isolée dans cet endroit rural de la communauté et de toute manière : ses plus proches voisins ce soir sont aussi sortis pour amuser leurs enfants à la fête. Vladislav installé sur un coussin du canapé observe la sorcière dans sa tenue et approuve d'un caquètement. La cloche du cottage sonne, annonçant donc l'arrivée de l'Italien. Pile à l'heure comme elle l'avait prévu. Sourire sur le visage de Baba yaga qui s'empresse d'aller ouvrir à son amant. Attendant patiemment qu'il entre et referme la porte derrière lui, pour se pendre à son cou et lui réclamer un baiser. C'est qu'elle a presque l'air d'une adolescente éperdument amoureuse, presque l'air de ces filles qu'elles exécrait pourtant lors de ses années à l'institut. Des mijaurées pendues au bras de leurs petits copains tout aussi détestables qu'elles. Qui se ressemble s'assemble. Hypocrite sans doute, mais elle dirait que Romeo et elle, ce n'est pas pareil.
« Ponctuel comme toujours docteur. »
Parce que lui n'est pas un abruti sans cervelle. Lui a promis qu'il l'aurait aimée même si elle n'avait pas usé de l'Ossikinesis par vanité et pour prendre sa revanche. Si elle doute toujours de la sincérité de ses paroles, elle n'a pas le moyen de prouver le contraire. Romeo toujours gentleman avec elle, excès de galanterie constants mais elle ne s'en plaint pas, d'être traitée comme une reine par son amant.
« Réservation pour 20h, c'est bien ça ? »
Un regard sur l'horloge de son salon lui indique 19h30. Parfait. La voilà qui attrape son sac à main et court mettre ses chaussures pour repartir, aussi vite qu'il est arrivé.
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L’amour est un combat du quotidien. Un combat que Romeo poursuit depuis quelques années maintenant, les yeux rivés sur un avenir qu’il aimerait construire avec sa dulcinée. Difficile de se projeter dans un univers tel que celui-ci; les combats entre coventus freinent ses espoirs, qui de toute manière auraient été vain avaient-ils vécu dans un monde sans divins. Romeo n’a jamais aussi bien porté son nom qu’à cet instant précis où il s’est amouraché de la belle Nocturia, jeune femme déjà mariée qui pourtant ne le repoussa pas. Comme l’univers pouvait être clément avec lui, parfois! Aussi clément que faire se peut, lorsque la société elle-même tentait de freiner leur avancée. N’est-ce pas la providence qui a éliminé l’homme qui lui faisait de l’ombre? N’est-ce pas un coup du destin, que la belle qu’il convoite soit soudainement veuve à un si jeune âge? Ah, Marena…quelle ne fut pas la joie d’un Romeo faussement désolé lorsqu’il dut remplir un certain rapport d’autopsie portant le nom de Nocturia. Se réjouir de la mort n’est pas très Orrhun, on peut le dire, pourtant la tristesse n’avait pas sa place dans son coeur ce jour-là.
Concentré à sa tâche, les lettres bien formées sur cette paperasse dont il ne peut se soustraire, Romeo ne se laisse pas distraire par son impatience. Il est encore tôt - peut-être cinq heures du soir - il a parfaitement le temps de se préparer avant de rejoindre sa dulcinée. Aujourd’hui, la Communauté est en pleine effervescence: une fête foraine est organisée, et tous les badauds se rassemblent là-bas pour profiter du beau temps et des attractions. Mais ce n’est pas le programme de leur soirée, au contraire; les deux tourtereaux profiteront de l’absence générale de la populace pour obtenir un peu de calme, moins de regards indiscrets et se rassurer quant à leur détachement total de la norme.
Le travail terminé, la Scie prend le temps de passer chez son fleuriste habituel pour récupérer un bouquet sélectionné avec soins. Le jeune Jager semble un peu distrait aujourd’hui, mais reste aimable et plus que serviable. Après les aventures qui leur sont arrivées, ce petit a une place particulière dans le coeur froid du légiste. Il le remercie d’un sourire, lui souhaite une bonne soirée - il n’y a aucun doute qu’il préférera se rendre à la fête, jeune et dynamique comme il est - et s’en va chez lui. Dix-neuf heures; le temps passe à une vitesse phénoménale, finalement.
Sur son trente-et-un, le bouquet à la main, l’amant sonne à la porte de sa belle qui ne tarde pas à lui ouvrir. Un sourire échangé, l’homme qui se presse à l’intérieur pour capturer ces lèvres qui lui avaient tant manqué. Ils se rencontrent chaque jour qui leur est donné, pourtant jamais cela semble suffisant à leurs yeux. Peut-être que s’ils vivaient ensemble le manque se ferait moins sentir? Ah, mais c’est impossible. Pour l’instant, tout du moins.
“Ma douce…je n’aurais supporté de te faire attendre une minute de plus.”
Il acquiesce à sa question, et la laisse repartir malgré sa volonté de la garder près de lui, tout contre son torse. Il la regarde de loin, Romeo. Il l’observe, la détaille, la désire. Elle lui a avoué il y a longtemps maintenant que son apparence n’était pas originelle; pourtant, l’homme sait qu’il serait tombé sous son charme malgré tout. Il en est persuadé, et n’admettrait certainement pas le contraire sur son lit de mort.
Le brun ouvre la porte de sa voiture pour laisser monter sa belle, en parfait gentleman qu’il est. Porte ouverte également une fois le restaurant atteint, clés confiées au voiturier qui s’empresse de garer ce petit bijou au milieu des rares autres. Malgré le prestige d’un tel endroit, les clients ne sont pas au rendez-vous en cette soirée particulière. Tant mieux pour eux, bien évidemment.
“C’est étrange de ne pas se cacher en public. Mais…je ne vais pas m’en plaindre.”
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Certaines personnes diraient que lorsqu'il n'y a plus de surprises dans un couple, la passion s'estompe et disparait. Mais Marena n'est pas de cet avis : elle aime la stabilité de Romeo, déteste les imprévus et apprécie que tout soit comme d'habitude. Alors elle avait bien entendu prévu un vase propre, pour accueillir le bouquet qu'il allait inévitablement lui rapporter comme toujours. La même chose tout le temps, des roses noires qu'elle apprécie énormément. Oui, c'est sans doute un peu vieillot diraient certains, surtout les jeunes de sa génération à elle qui ont tendance à être plus progressistes. Certaines femmes même, s'offusqueraient qu'il ramène des fleurs. Mais pas elle. La Cethis apprécie ses petites attentions qu'il a pour elle, puis... Qui n'aime pas les fleurs, honnêtement ? C'est joli et ça sent bon. Dernière caresse pour Vladislav, avec la promesse de rentrer vite pour le retrouver. Si balader un poulet n'est pas aussi complexe qu'il n'y paraît -malgré le fait qu'il ne puisses pas voler-, elle doute que ce serait de bon goût d'amener un coq dans un restaurant huppé de la ville...
Encore une fois chevaleresque et galant, Romeo lui ouvre la portière et lui tient les portes pour se rendre au restaurant. Heureuse de se retrouver en sa compagnie dans un endroit calme, le spectre acquiesce à ses dires.
« Non, on ne va pas s'en plaindre. Profitons justement. »
Leur venue ici n'est pas anodine. Le menu classique est mis de côté rapidement par Marena, pour regarder la carte Vegane disponible pour la saison. Un menu avec des choix limités, mais tout de même appétissants. Tarte de légumes de saison en entrée, Sauce aux tomates cerises rôties, fines herbes et olives avec penne pour le plat, et enfin un citron glacé en dessert, son choix est fait. Elle sait déjà qu'il n'y aura pas de vin à table, son amant ne consommant pas d'alcool. Un point qui ne la dérange pas plus que ça, elle s'y est habituée et accepte parfaitement les choix de vie de la scie. Une vie saine, très saine même éliminant toute substance néfaste de son existence. Pas d'alcool, pas de drogue, pas de cigarette et uniquement de la nourriture vegan.
« Je prendrais sûrement un jus de fruit comme toi. »
Qu'importe qu'ils ne se commandent pas une bouteille de vin pour accompagner leur dîner, elle ne la boirait pas toute seule de toute manière.
« J'espère que les pâtes seront bonnes, tu m'as habituée à ce qu'il y a de mieux je doute que le chef puisses te surpasser. »
A fréquenter un Italien -certes qui n'est pas de pure souche mais qui n'a vécu qu'au sein de la botte-, la Russe s'est habituée à la gastronomie de ce pays. Romeo ne manque jamais une occasion de cuisiner pour elle lorsqu'ils se retrouvent chez lui, et depuis qu'elle le fréquente elle est souvent un brin déçue par les pâtes des restaurants. Parce qu'il doit avoir une manière de faire bien particulière, son Italien, dont elle ignore les secrets.
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C’est compliqué de trouver chaussure à son pied lorsqu’on est vegan, même dans une communauté qui doit normalement être plus inclusive que les autres. Parce que dans les restaurants, si le menu végétarien est régulièrement sur les tables, trouver une option vegan est déjà plus compliqué. A croire que personne dans ce pays sait adapter des recettes traditionnelles sans produit animal, alors que l’exercice n’est pourtant pas si complexe quand on y pense. C’est juste ancré dans les moeurs de consommer de la viande, des oeufs, du beurre, tout ce qui a trait à l’exploitation animale. Un côté de l’humanité qui est resté chez les sorciers, et que Romeo trouve ridicule. Eux qui sont censés être l’évolution ultime ne se comportent pas comme des évolués, ce qui est tout de même un comble.
Un sourire satisfait lorsque Marena décide de mettre elle aussi l’alcool de côté. Le légiste pense avoir une très bonne influence sur elle, bien qu’il sache qu’elle continue d’en consommer de temps en temps avec d’autres, ou même seule lorsqu’elle en a vraiment envie. Il ne la juge pas pour ça, évidemment; l’alcool est un choix personnel, du moment qu’il ne se transforme pas en addiction. Romeo juge surtout ceux qui ne sont plus capables de reconnaître l’endroit où ils se trouvent ou le nom des personnes qui les entourent, bref ceux qui sont tellement intoxiqués que leur cerveau en est altéré. Des extrêmes qu’il n’a jamais connu heureusement, du moins pas personnellement. On pourrait croire que son aversion pour les addictions a une explication profonde, un père alcoolique, une mère droguée peut-être, cependant il n’en est rien; il porte simplement une trop grande valeur à la vie, et méprise ceux qui la gaspillent.
“Ah, mon amour…que de flatteries que tu me portes ici!”
De la fausse modestie de la part de l’italien, qui sait bien que sa façon de préparer les pâtes - toujours fraîches, évidemment - surpasse celle de n’importe quel chef cuisinier gallois n’ayant pas pris le temps d’apprendre la véritable technique. Certes il n’utilise pas d’oeufs - un sacrilège pour un italien - mais le goût ne diffère pas tellement des originales. Le restaurant où ils se trouvent a la chance d’avoir un chef cuisinier relativement doué dans ce domaine, suffisamment pour être respecté d’un italien vegan.
“Je ne sélectionne que le meilleur pour toi, mi amore.”
De l’amour dans ses yeux lorsqu’il regarde sa belle, Romeo. Le monde entier peu exploser, le temps peut s’arrêter, la connexion qu’il y a entre ces deux-là ne sera pas rompue. En réalité, le reste du restaurant doit se sentir de trop. C’est peut-être pour cette raison qu’il n’y a presque personne, non? Plutôt que cette histoire de fête foraine, qui de toute façon ne devrait pas attirer le genre de clients qui peuvent s’offrir un tel repas. C’est qu’il a le portefeuille facile, le légiste, et ne regarde pas à la dépense. Autant dire que le repas de ce soir ferait un sacré trou au budget de n’importe qui issu de la classe moyenne. Heureusement qu’il s’est élevé au-dessus de ça, le Orrhun!
“N’as-tu pas de regret de passer cet instant avec moi, plutôt que de t’amuser à cette fête foraine?”
La réponse, il la connaît déjà. Mais ça ne l’empêche pas de souhaiter l’entendre, lui qui apprécie les compliments de temps en temps.
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« Aucun regret, non. »
Est-ce là une véritable question de la part de son amant ? La Russe est surprise qu'il doute et s'interroge à ce sujet. Jamais elle n'a été bien sociable, n'est pas le genre de personne à apprécier les grands rassemblements bruyants et plein d'enfants sur excités à cause d'une tonne de sucreries. ça braille, ça grouille, ça se bouscule, c'est trop joyeux pour son humeur. Elle aime le calme et le silence, Marena. A l'exception de sa musique qu'elle joue trop fort dans sa morgue lorsqu'elle est seule et qu'il n'y a pas de clients à qui faire la conversation. Des clients qui ne lui répondent généralement pas, puisqu'ils ne sont plus de ce monde. Mais elle préfère ça parfois, au moins, les morts ne vont pas la contredire ou la contrarier.
« C'est bien mieux d'être avec toi, et de profiter d'un bon repas en agréable compagnie. Plutôt que d'être au milieu des gens, qui sont généralement trop bruyants et désorganisés. Toi et moi, nous ne sommes pas habitués à ce genre d'ambiances... Nous avons des vies... plus calmes et des clients qui nous habituent au silence. »
Romeo la comprend et elle le sait. Lui aussi passe son temps au près des corps inertes, à les ouvrir et à les observer. Lui détermine ce qui les a amenés à trépasser et elle les répare pour qu'ils puissent faire leurs adieux à leurs proches. Tous deux plus ou moins des pestiférés de la société, à passer tant de temps au près des morts. Alliance qui ne surprend pas vraiment, quand on connait les amants. ça dérange toujours, lorsque l'on croire quelqu'un si proche de la mort. En dehors des enfants de Cethis qui ne sont pas rebutés par la fin de la vie, rares sont ceux et celles qui comprennent la chose. La plupart en ont peur, cherchent à y échapper et à repousser l'échéance le plus possible au lieu de juste accepter que leur heure est venue. Personne n'échapperas à la grande faucheuse.
« Franchement, est-ce que tu nous imagines tous les deux là-bas ?... T'irais tirer à la carabine, pour gagner une grosse peluche de nounours rose bonbon à m'offrir. Ce serait comique, je te l'accorde. Mais est-ce que ça nous amuserais nous ou bien la galerie ? »
Elle a assez donné, Baba yaga. Assez expérimenté les moqueries des autres, dans sa jeunesse. Maintenant qu'elle porte le nom des Nocturia, maintenant qu'elle est quelqu'un dans son coventus, maintenant qu'elle n'est plus hideuse... Rares sont ceux qui osent encore ricaner comme des idiots à son passage. Elle a travaillé pour en arriver là, passé de longues années en tant qu'apprentie pour parfaire son ossikinésis. Elle a donné de sa personne, en acceptant un mariage dont elle ne voulait pas. Pour ne pas se mettre elle dans l'embarras en ne devant personne d'important. Pour ne pas risquer une guerre ouverte en manquant de respect à la famille régnante du Coventus de Cethis local.
« Je préfère nettement que tu me gâtes avec un bon repas plutôt qu'avec une peluche. »
Oh, Marena a bien conscience des valeurs traditionnelles et vieillottes de Romeo. Mais dans le fond, ça ne la dérange pas plus que ça. C'est agréable, qu'il soit toujours galant en vers elle... Pourquoi s'en plaindrait-elle ?
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