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after the fight
Son sang n'avait fait qu'un tour. L'ambiance festive aux odeurs enivrantes devint soudain oppressante.
« You didn't know ? It was the Ordalie tonight, Makoa decided to- »
Yuna n'entendit pas le reste, paroles couvertes par le sang qui pulsait contre ses tempes. L'Ordalie ne pouvait signifier qu'une chose : l'un des leurs était à présent dans le tombeau. Makoa était peut-être... Cette pensée la saisit de vertiges et sa silhouette drapée d'un vert sapin s'échoua un instant contre le mur, respiration comptée et recomptée. Calme revenu à l'extérieur, masque de dignité refourgué, alors qu'elle n’était que tempête à l'intérieur. Une seule certitude la poussait à avancer, instinct absolu de se rendre à Allanolstryd, vérifier qu'il soit sain et sauf, il ne pouvait que l'être.
Elle quitta les célébrations sans un regard en arrière, tout semblant de retenue à peine conservée, noyée dans un de ces moments impulsifs contre lesquels elle ne saurait lutter. Moon, fermement accrochée à son épaule, caressa doucement ses omoplates pour diminuer son effroi, paroles rassurantes répétées : he'll be fine.
Et plus elle s’approchait de son appartement, plus ses pas étaient rapides, jusqu’à finalement céder au besoin primaire de courir au diable ses talons tambouriner sur le bois. La porte s’ouvrit, simple geste qui irrigua son cœur d’un soulagement salvateur ; he's fine, he's alive. Il n'avait pas fini d'ouvrir la porte que Yuna avait déjà rejoint ses bras, réminiscences de leurs jours adolescents, besoin de s’assurer de sa présence, de vérifier ce que l'esprit savait déjà. Bercée quelques instants par les battements de son cœur, l'agacement et l’inquiétude devenaient un, communiqués par la pensée.
« I’m so glad you're okay, what were you thinking, idiot ?! »
- traduction :
« Tu ne savais pas ? C'était l'Ordalie ce soir. Maoa a décidé- »
il ira bien.
il va bien, il est en vie.
« Je suis tellement soulagée que tu ailles bien, à quoi tu pensais, idiot ?! »
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Violences physiques, blessures.
L'entend des coups rapides s'abattre contre sa porte, reste un instant figé dans son pieu, à s'demander s'ils sont réels, si c'n'est pas son esprit qui s'fout de sa gueule, à rejouer cette putain d'scène dont il vient de s'extirper. Vainqueur d'un combat sans saveur, la victoire décrochée trop vite à son goût, l'sang qu'à coaguler trop vite l'long de ses plaies non traitées. Ferme les yeux l'plus fort qu'il peut, chasse désespérément ces obsédantes images. S'résoud à se lever, quitte la piole et son foutoir, s'dirige vers la porte, soupir en entendant les coups s'intensifier. Râle instinctivement. S'dit qu'il pourra jamais avoir la paix, s'dit finalement l'daron n'était peut-être pas l'seul parasite dont il devrait s'débarrasser. Ouvre sans empressement, s'apprête à dire à l'intrus d'aller s'faire voir. N'arrive pas à masquer ce léger sursaut qui parcourt sa carcasse meurtrie lorsqu'il sent un poids venir se pendre à son cou. Met du temps pour capter qu'c'est elle, cette fille pour laquelle il a ce putain d'ineffaçable béguin. «Una ?» Il l'appelle, perdu, s'demande c'qu'elle fout là, sur le pas d'sa porte. S'demande c'qu'elle fout là, dans ces bras. Entend sa voix résonner dans son crâne buté. «Rien. T'sais bien qu'j'pense jamais à rien.» Pose ses mains le longs de ses bras, l'écarte doucement d'lui, contemple sa mine, lui sourit faiblement, tire sur ses lèvres ouvertes par les coups. «Jolie robe.» Pensées déplacées, sait pas quoi lui dire d'autre. A pas spécialement envie d'lui causer du goût du sang qui s'répand dans sa bouche, d'son arcade douloureuse, d'son dos lacéré, de son biceps brûlé ou d'son estomac retourné. A pas envie d'lui expliquer ce qui s'est passé, d'lui causer d'son vieux qu'il a éclaté contre l'sol de l'arène, a pas envie d'lui parler d'ce titre qu'il venait de remporter, a pas non plus envie qu'elle perde sa soirée à panser ses plaies. Décroche son regard d'ses jolis yeux bruns, lui pointe le frigo d'un mouvement d'la tête, lui demande sans un mot ni une pensée si elle veut une bière. S'éloigne d'son corps pour aller s'en chercher une, ressent le b'soin d'se rincer la bouche avec une bonne gorgée d'houblon.
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Violences physiques, blessures.
Il l’écarta doucement de lui et elle l’observa attentivement à travers ses cils, décela le sang sur ses lèvres et son arcade, lui arracha un pincement au cœur. « Hey, that’s not true and you know it. » Il était plus qu’une simple brute, n’en déplaise à son père, prouvé une multitude de fois au cours de leur relation. Un sourire traversa son visage balafré, qu’elle savait à moitié là pour la rassurer. Yuna baissa les yeux, semblant se souvenir de son accoutrement et de cette soirée déjà lointaine qu’elle avait précipitamment quitté, remarqua les brûlures qui ornaient le bras de Makoa, hésitait à aborder le sujet, la personne l’ayant mis dans cet état. « …You’re hurt. » Evidence murmurée, incertaine qu’il ait réalisé ça, étant donné ses blessures aucunement traitées et ses cheveux collés à son front, il avait visiblement plongé dans son lit juste après être revenu de l’Ordalie.
Elle refusa d’un signe de tête à sa proposition, le champagne flottait encore dans ses veines, et elle ne pouvait pas se permettre de risquer l’ivresse si elle espérait soigner correctement ses blessures. Makoa se dirigea seul dans sa cuisine, exposant son dos lacéré par le combat, vision qui dissipa légèrement le brouillard qui la saisissait, elle se précipita dans sa salle de bain, attrapa la trousse de secours qu’elle avait apporté des années auparavant, puis le rejoignit dans la cuisine. « We need to desinfect your wounds. » Il avait toujours détesté qu’autrui s’occupe de ses blessures, malgré l’exception qu’elle représentait, Yuna se doutait qu’il protesterait ; s’il comptait se soigner, il l’aurait déjà fait après tout. « Come on Mako, you’re bleeding… let me do it, if not for you, at least for my peace of mind, I hate seeing you hurt. »
- traduction :
« Hey, ce n'est pas vrai et tu le sais. »
« …Tu es blessé. »
« On doit désinfecter tes blessures. »
« Allez Mako, tu saignes... laisse-moi le faire, si ce n’est pour toi, au moins pour ma tranquillité d’esprit, je déteste te voir blessé. »
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Violences physiques, blessures.
«Sans dec' Sherlock.» Unique réponse au murmure de sa douce. Sait bien qu'il est blessé, l'est pas encore complètement insensible. S'barre dans sa cuisine, choppe une canette de bière en renvoyant ses cheveux en arrière. Prend en gorgée, gargarisme alcoolisé, r'crache le tout dans l'évier, fronce les sourcils en voyant un peu d'sang, s'dit qu'il a du perdre une chicot, a pas le temps d'se demander laquelle s'est, ramené à la réalité par le bruit d'ses pas pressés. Son regard délaisse la céramique pour r'venir se poser sur elle et ses mains prises. Réalise qu'elle s'était empressé de choper la putain de trousse de secours. S'souvient de cette boîte d'métal. C'était Una qui l'avait achetée, elle l'avait ouverte et déposée dans le meuble au dessus des chiottes, y avait pas retouché d'puis, ne l'avait même pas poussée pour faire la poussière. Arque un sourcil, s'apprête à lui dire qu'elle peut s'la foutre dans l'cul sa trousse à la con, qu'il a pas b'soin d'soin, qu'il s'sent parfaitement bien, est arrêté dans sa course par sa supplique. «pour ma tranquillité d’esprit» Elle l'prend par les sentiments, sait parfaitement où appuyer pour lui faire faire la plus belle des pirouettes, et il en est conscient, le Makoa, alors il tire un tabouret d'ssous le bar et s'y assoit, en silence. Vise ses sombres iris à l'opercule ouvert d'sa bière, reste un instant interdit. A pas envie d'la bousculer. «Et t'étais où fringuée comme ça ? Avec l'aut' con j'parie.» Affuble l'mari d'la belle d'un doux surnom, habitude prise d'puis qu'elle lui avait dit oui, arrive toujours pas à digérer. «Il sait qu't'es là ? 'Doit pas être jouasse.» Avale une gorgée d'bière, étrangement la première d'la soirée, avait tenu à affronter l'daron sobre, voulait pas le laisser croire ne serait-ce qu'une seconde qu'il aurait b'soin de quoi que ce soit pour l'battre, voulait pas le laisser croire qu'ils étaient égaux. «J'ai encore la joue en feu ... J'espère qu'j'aurai l'droit à un bisou magique.» Pensée taquine, à mi-chemin entre la plaisanterie et l'envie, quitte sa cervelle, parcourt les doigts de l'infirmière improvisée et vient se heurter contre son cerveau.
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Violences physiques, blessures.
Yuna retint un sourire en le voyant refouler ses protestations et s'assoir en silence, légère manipulation émotionnelle, ne connaissait que trop bien sa corde sensible, restée inchangée depuis leur plus tendre enfance : elle-même. S'installant sur un tabouret à ses côtés, elle avança doucement le coton contre ses lèvres, tâchant de faire taire cette satisfaction interdite qui s’immisçait au creux de sa poitrine, et nettoya prudemment le sang séché. « Il y avait une réception pour fêter Samhain. J'y suis allée avec Kieran, oui. » Elle avait renoncé depuis longtemps à l’idée de lui faire renoncer à ce surnom, et peut-être qu’il s’agissait là de lui laisser un moyen d'exprimer sa frustration quant à son mariage, quand pour tout le reste, il a été un soutien inébranlable. « Non, je… je suis partie en apprenant pour l'Ordalie. » Elle comptait l’appeler, bien sûr, mais tout d’abord elle devait s’assurer de l’état de Makoa. Intention passée sous silence, Yuna savait que parler de son mari ne ferait que l’agacer et elle préférait éviter ce possible conflit en cet instant, préférait lui éviter une énième souffrance après ce terrible combat.
Elle s’occupait de son arcade lorsque les pensées du combattant se heurtèrent aux siennes, rendirent ses joues cramoisies par leur apparition inattendue. Une réponse franchit ses lèvres alors qu'elle tentait de masquer sa réaction. « C’est vrai qu’on avait l’habitude de faire ça plus jeunes. » Elle observa sa joue avec plus d’attention, la confusion illuminant son regard, et approcha sa paume de son visage, caresse impromptue. « Ça ne ressemble pas à… ton adversaire t'as… donné une gifle ? » Elle n’osait pas encore prononcer le nom de cet orrho qui avait péri, n'avait pas de doutes sur son identité et les sentiments contradictoires qui devaient saisir son meilleur ami. « ….Tu veux en parler ? » Elle le savait peu ouvert à ce genre de conversations mais ne pouvait s’empêcher de le lui proposer malgré tout, l’envie d'être là pour lui comme il l'avait toujours été pour elle. « Ou quoique ce soit d’autres, parler, te préparer quelque chose à manger, un bisou magique, juste…. Dis-moi ce dont tu as besoin. » Au fond, Yuna s'en doutait déjà, tous les deux n'avaient-ils toujours pas été irrémédiablement à la recherche d'un contact physique dès lors qu’ils avaient eu besoin d'un soutien émotionnel ? Attentions offertes entre eux, celles que leurs parents ne leur ont jamais donné. Et pourtant, en croisant son regard, elle avait la sensation que si elle ne lui demandait pas explicitement ce qu’il voulait, suivre son palpitant tambourinant dans sa poitrine ne leur apporterait qu'un chaos indescriptible. Elle était une véritable tornade ce soir après tout, difficilement capable de prendre une décision raisonnée, ses émotions encore prises dans la peur d'avoir failli le perdre. Doucement, elle se rapprocha, jusqu’à poser sa tête contre son épaule, juste un moment s’était-elle dit. « J’étais vraiment inquiète pour toi, j'ai cru que… » Aveux à moitié murmurés, sa voix craqua, larmes recueillies en petites perles sur le bord de ses cils, incapable d'en dire davantage.
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Note dans un coin d'sa cervelle ébouillantée qu'la belle s'est précipitée à son chevet, plantant époux et amis. Et y a un rictus qui se dessine sur ses lèvres amochées, l'est simplement heureux d'savoir que quoi qu'il se passe elle sera là pour le traiter d'idiot. Le mouvement des lèvres qui réveillent la joue encore rouge, horrible chaleur parcourt tout son visage, pensée vagabonde quitte son crâne et élisent domicile dans celui de son amie. La voit pas rougir, la sent s'affairer sur son arcade. Hoche doucement la tête lorsqu'elle se remémore cette habitude qu'ils avaient pris alors qu'ils n'étaient pas haut qu'un ring. Baisers survolés parcouraient visages et corps, insufflaient un semblant de magie et de tendresse dans leurs vies d'mômes fracassés, s'offraient l'affection qu'leurs vieux s'évertuaient à leur refuser. Fragments d'innocences perverties avec l'temps, adolescent, il passait son temps à espérer qu'elle l'embrasse ailleurs que sur ses bleus. Profite qu'elle examine sa joue enflammée pour contempler son angélique visage, s'attarde sur ce grain de beauté perdu sur sa pommette. Entend la confusion dans sa voix. L'palpitant qui s'étreint, s'essore lorsqu'elle se met à causer de l'ennemi. L'estomac retourné par sa question charcutée.Elle sait. «J'lui aurais brisé tout les os d'la main si il avait essayé. C'est ma mère qui m'en a collé une.» Il ferme les yeux, profite d'cette douce caresse, la sait éphémère alors il en savoure la moindre seconde. Rouvre ses paupières lorsqu'elle lui demande si il veut en causer. Bascule doucement la tête d'gauche à droite. Laisse ses iris vagabonder, s'encrer sur la trousse d'soin ouverte. «D'puis quand t'as b'soin que je te dise quoi faire ?» L'est pas du genre à quémander ni à supplier, le Makoa, s'voit pas lui faire une liste des choses qui le soulagerait, s'voit pas lui dire ô combien il a b'soin d'elle, l'est pas ce genre d'homme, le Makoa, et même si, hypothétiquement, il aurait éprouver l'envie d'le faire, il n'aurait pas su comment si prendre, est d'jà pas fichu d'lui dire ô combien elle lui plait. Accueille sa tête contre son épaule, glisse sa main sous ses cheveux noués, la dépose sur sa nuque. «Que j'n'étais pas assez fort pour gagner. Que j'étais mort à ses pieds.» Paroles amères, porteuses d'la haine qu'il continue d'nourrir pour son géniteur. «T'as eu tord.» L'a les épaules qui s'soulèvent dans un rythme irrégulier. Sait qu'il a laissé un bout d'son âme dans l'arène. Sent son cœur battre à tout rompre. Sait qu'il est à deux doigts d'le lâcher. L'a l'cerveau qu'il l'assaille d'accusatrices images. Sait qu'il n'aura jamais cette putain de paix qu'il n'a de cesse de souhaiter. «Il n'a même pas été foutu d'me sonner. Et j'te jure que c'était pas l'envie qui lui manquait.» L'besoin de picoler qui se fait pressent, supporte pas d'sentir son corps être secouer par ce tumulte d'émotion. L'besoin d'reprendre le dessus, d'pas se laisser submerger, d'pas se laisser aller à une honteuse démonstration de faible. Libère sa nuque pour s'emparer d'sa canette, la liquide en une levée de coude et jette le bout d'alu vide dans l'évier. «Mais j'avais pas d'raison d'avoir peur d'lui. Et t'avais pas non plus d'raison d'avoir peur pour moi.»
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Son regard se fit plus doucereux en découvrant les circonstances de cette gifle, les séquelles de celle-ci tendrement caressées dans un geste qui se voulait réconfortant. Elle imaginait sans peine les pensées qui avaient traversé la mère Immanitas et les paroles qu'elle avait déversé sur Makoa, aucune n'ayant jamais franchit ses lèvres pour adresser le comportement de son mari. Combien de fois avait elle pansé les plaies du brun suite à une énième correction de l'ancien champion ? Jamais satisfait, tout comme ses parents.
Elle hésitait à aborder le sujet, se doutait qu'il n'en parlerait pas de lui-même, qu'il ne voudrait pas en parler, bien qu'il en avait besoin. Pourtant saisie d'un profond désespoir à l'idée d'agir, si peu habituée à perdre le contrôle sur ses émotions, à ce qu'elles débordent de sa cage thoracique, rare moment où elle ignorait ce dont Makoa avait besoin, alors qu'il lui suffisait d'un coup d'œil pour le deviner en temps normal. Et peut-être plus que l'ignorance, c'était la peur de suivre les instincts de son palpitant qui l'empêchait d'agir, relation trop précieuse pour qu'elle ne réfléchisse pas aux conséquences, qu'elle voulait pourtant ignorer plus les minutes s'écoulaient. Il avait raison, Makoa, il n'avait jamais eu besoin de lui dire quoi faire, de leur enfance à leur adolescence, jusqu'à l'âge adulte, elle savait quoi dire et quoi faire. Yuna savait les débordements qui s'étaient produits au fil des années, lorsque son cœur agissait seul, plusieurs baisers adolescents échangés en conséquence. Un léger rire lui échappa devant l'ironie de cette situation. « C'est vrai, c'est étrange, pas vrai ? »
Son rire se coinça dans sa gorge, sanglot retenu, larmes étouffées contre son épaule, finalement frappée par la réalisation qu'elle avait faillit le perdre ce soir. Elle l'écouta silencieusement et ne sentait que trop bien son amertume vis-à-vis de son père, paroles emprunts d'une enfance passée sans jamais se sentir à la hauteur. Son cœur se serra, prison d'os devint douloureuse, usée de l'avoir maintenu en cage toutes ces années. Elle releva la tête, croisant son regard, désaccord fermement démontré. « Bien sûr que si, je... je... » Les mots mourraient sur ses lèvres, ces mots interdits qui se languissaient pourtant de l'appétence que susciterait leur révélation. Ses doigts vinrent à la rencontre des siens sur sa nuque, ses pensées concluant la phrase qu'elle ne pouvait finir à voix haute. Je t'aime.
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Il sent sa tête quitter l'creux d'son épaule alors il relève les yeux et ses iris se heurtent à leurs homologues. L'est pas habitué à ce qu'elle le regarde d'la sorte, avec une telle fermeté, s'dit pendant une fraction d'seconde qu'il est allé trop loin et qu'elle va, elle aussi, décalquer sa main sur sa joue. Espère qu'elle l'fera sur celle encore immaculée. Sera sûr de pas pouvoir dormir d'la nuit comme ça. Haussement de sourcil surpris, pose sa main libre sur son avant-bras, en caresse la peau avec son pouce, tente d'la mettre en confiance, d'l'aider à lâcher ces mots qui restent bloqués en travers d'sa gorge. Cesse tout mouvement quand l'couperet tombe. La phrase passe en boucle dans son cerveau halluciné, disque rayé, peine à croire en sa véracité. «Tu ...» L'envie d'lui demander de répéter. L'envie d'lui demander s'elle se fout d'sa gueule. L'envie d'lui demander si y a pas méprise, si elle s'est pas planté de mot. L'envie d'lui dire que putain lui aussi, il l'aime. L'envie d'causer, d'lui réciter tout un roman. Incapable d'faire autre chose qu'd'la regarder dans l'blanc des yeux. Finit par s'décider à bouger, les commissures s'étirent, dessinent un imposant sourire, rush d'adrénaline lui fait oublier la douleur qui tiraille le morceau de chair tendu. Appuie légèrement sur sa nuque, l'attire à lui, rapproche leurs visages. Saute sur ses lèvres, les retrouvent, les dévorent, prend conscience qu'leur saveur à changer avec l'temps, s'dit qu'elle doit avoir la même étrange sensation. «J'veux que tu le r'dise.» Pensée suppliante passe d'un esprit à l'autre, les lèvres trop affairées à s'redécouvrir. Rit tout contre sa peau, champion rendu euphorique par cette annonce tant attendue. Finit par la relâcher avec toute la réticence du monde, rappeler à la réalité par l'plus primaire des b'soins, celui de reprendre sa respiration. «Putain, t'aurais dû m'le dire qu'j'devais le buter pour qu'je puisse t'entendre me dire ça. J'aurai pas attendu aussi longtemps.» Rit à nouveau, dépose un baiser derrière son oreille, y souffle un «J't'aimes ...» tout aussi timide qu'celui que l'sien. Femme adultère et fils parricide rattrapés par l'innocence d'l'adolescence.
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